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INEDIT
Maison des Cultures du Monde
Polyphonies vocales des
ABORIGÈNES DE TAÏWAN
Ami, Bunun, Païwan, Rukaï
Vocal polyphonies of
TAIWAN ABORIGINES
Ami, Bunun, Paiwan, Rukai
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Collection fondée par Françoise Gründ et dirigée par Pierre Bois
Documents recueillis à Taïwan par le Pr Lu Pin-chuan , sauf les plages 2, 4, 11 à 15, 16 et 17 enregistrées
en mai 1988 à la Maison des Cultures du Monde par Pierre Simonin . Notice, Pierre Bois d'après des
notes du Pr Hsu Tsang-houei et de M. Hsu Ying-chou . Traduction anglaise, Josephine De Linde . En cou-
verture, détails de sculptures sur bois païwan (collection Hsu Ying-chou). Photos, Jean-Marie Steinlein,
Jean-Paul Dumontier . Prémastérisation, Frédéric Marin / Translab . Réalisation, Pierre Bois . Pressage,
Disctronics . © et p 1989-2000 Maison des Cultures du Monde / Chinese Folk Arts Foundation.
INEDIT est une marque déposée de la Maison des Cultures du Monde (dir. Chérif Khaznadar).
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POLYPHONIES VOCALES DES ABORIGÈNES DE TAÏWAN
Ami, Bunun, Païwan et Rukaï
V oici quatre siècles environ, les premiers
Yami, totalisant environ 322.000 habitants,
soit 2,3 % de la population totale de Taïwan.
Si dans l'ensemble, ces groupes aborigènes
présentent de nombreuses ressemblances à un
regard extérieur non averti, que ce soit dans le
domaine des activités économiques, le mode
d'habitat, les pratiques chamaniques, et pour
certains d'entre eux le souvenir de l’ancienne
tradition de la chasse aux têtes aujourd'hui
abandonnée, chaque peuple se différencie en
revanche très nettement des autres par son
système de parenté, ses structures politiques,
sa religion, sa langue et sa musique, préser-
vant jusqu'à maintenant sa spécificité.
Les trois cultures choisies dans ce disque
(Ami, Bunun et Païwan/Rukaï) sont sans
doute les plus intéressantes du point de vue
musical. Et quoiqu’elles témoignent toutes
trois d'une forte prédilection pour les formes
vocales, d'une pratique musicale exclusive-
ment fonctionnelle et d'une rare capacité à
allier le génie créatif à une remarquable éco-
nomie de moyens, on pourra facilement
apprécier les différences qui opposent leurs
systèmes musicaux.
Les pièces présentées ici proviennent pour
une part de documents d'archives recueillis
voyageurs européens, commerçants por-
tugais et espagnols, empruntèrent le détroit de
Taïwan pour gagner la mer de Chine et donnè-
rent à l'île qu'ils longèrent le nom d' Ilha
Formosa, île de Beauté. À cette époque, l'île était
habitée par des ethnies aborigènes appartenant
aux groupes linguistiques austronésien et
malayo-polynésien. Au XVII e siècle, Formose
fut soumise successivement aux administra-
tions coloniales espagnole et hollandaise, puis
aux armées loyalistes de la dynastie déchue des
Ming en lutte contre les Mandchous, et finale-
ment à ces derniers qui en prirent le contrôle
total en 1683. Dès lors, de nombreux colons
chinois des provinces du Fujian et du
Guandong se fixèrent à Taïwan, assimilant pro-
gressivement les ethnies des plaines à la cultu-
re Han et repoussant probablement les autres
dans les régions montagneuses.
Actuellement, seuls les aborigènes de la mon-
tagne, de la côte orientale et des îlots avoisi-
nants, ont conservé à peu près intactes leurs
cultures et leurs langues d'origine. Ils se répar-
tissent en dix groupes ethniques : les Ami, les
Bunun, les Païwan, les Rukaï, les Atayal, les
Saisiat, les Tsu, les Thao, les Puyuma et les
Bunun : Pasibutbut, chant de germination du millet / millet germinating song.
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pendant les années soixante et soixante-dix
par le Dr Lu Pin-chuan, qui firent l'objet d'une
première édition en disques microsillons chez
Firstophone à Taïwan par le Dr Hsu Tsang-
houei et le Folk Music Research Center de
Taipei, et pour l'autre d'enregistrements effec-
tués à la Maison des Cultures du Monde lors
du Festival du Pacifique en mai 1988.
LES AMI
Avec près de 120.000 habitants, les Ami ou
« peuple splendide » constituent à eux seuls le
tiers de la population aborigène de Taïwan. Ils
vivent dans la zone de plaines et de vallées qui
borde le rivage oriental de l'île.
De type matrilinéaire et matrilocal, la société
ami se distribue en unités d'habitation com-
posées, chacune, d'une famille élargie placée
sous l'autorité de la femme la plus âgée.
Chaque famille vit dans une vaste maison de
bambou et de rotin recouverte d'un toit de
chaume, tandis que les hommes célibataires
se répartissent dès leur enfance entre les mai-
sons communautaires correspondant à leur
classe d'âge, attendant leur mariage pour élire
domicile dans la famille de leur épouse.
Fondée sur l'agriculture (millet, taro, patate
douce…), la chasse et la pêche, l'économie
ami est de type communautaire : elle ignore la
propriété privée, et le partage équitable des
récoltes entre les familles est garanti par le
chef, sapalungau, et le conseil qui l'a élu.
Réputés pour leur système théogonique et
cosmogonique, les Ami ont développé une
abondante mythologie et vénèrent un pan-
théon de dieux, d'esprits ancestraux et de
génies tutélaires liés aux activités écono-
miques et au chamanisme. Les chamanes,
choisis indifféremment parmi les hommes et
les femmes, sont spécialisés dans la divina-
tion, le diagnostic et le traitement des mala-
dies. Les prêtres, quant à eux, conservent la
mémoire des mythes et des généalogies fon-
datrices, et organisent les nombreuses céré-
monies liées au cycle agraire. La plus impor-
tante, irisin, se déroule en automne à
l'occasion de la récolte du millet et dure une
semaine pleine. C'est à cette époque, riche
en symboles de fertilité, que sont célébrés les
mariages.
La musique vocale des Ami, qui accompagne
tous les moments importants de la vie sociale
et rituelle, est polyphonique. Les échelles
musicales sont constituées par les différents
modes (ou renversements) de l'échelle penta-
tonique anhémitonique :
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Celle-ci peut être transposée en cours de
chant sur d'autres degrés (métabole). La struc-
ture du chant, généralement responsoriale,
fait alterner les voix d'un ou deux solistes,
homme et/ou femme, et un chœur contra-
puntique à une ou deux voix. Le texte, sou-
vent mêlé de syllabes vides, a tendance à se
dissoudre dans l'entremêlement des voix ;
parfois, le chant n'est composé que de syllabes
dépourvues de signification et servant exclusi-
vement à poser les voix et structurer le phrasé
de la mélodie.
grâces au dieu Dapg et à la déesse Dogi, qui se
déroule devant la maison commune des
hommes, lors de la première nuit de pleine
lune suivant la récolte.
[4] Chant d'hommage aux ancêtres
Enregistrement MCM
Le rituel de la récolte est suivi d'une grande
cérémonie dédiée aux ancêtres, qui marque le
début de la nouvelle année lunaire. À cette
occasion, les anciens se réunissent pour hono-
rer les ancêtres et célébrer l'alcool de millet.
[1], [2] Deux chants de sarclage
1. Firstophone FM 6010 / 2. enregistrement MCM
Amis, ce dur travail nous est nécessaire, à nous
gens de la terre, ne le méprisons pas.
Amis, nous endurerons cette tâche difficile avec
joie, pour notre subsistance.
Amis, ne craignons ni la difficulté, ni le soleil brû-
lant, car nous ne faisons que notre devoir.
[5], [6] Deux chants de sarclage
Firstophone FM 6029
[7] Chant pour la fondation d'une maison
Firstophone FM 6010
Lorsqu'à la suite de naissances nombreuses
une maison devient trop exiguë pour un
matrilignage, il devient nécessaire d'en bâtir
une autre, marquant ainsi la création d'une
nouvelle subdivision lignagère. La fondation
s'accompagne d'une cérémonie propitiatoire
accompagnée de chants.
[3] Chant de récolte
Firstophone FM 6029
Ce chant est exécuté lors du rite d'actions de
LES BUNUN
Selon leur tradition orale, les Bunun seraient
originaires de la côte occidentale de Taïwan et
auraient été repoussés vers le centre des terres
par l'émigration chinoise. Actuellement au
nombre de 35.000, ils occupent le cœur de la
chaîne montagneuse, se répartissant en 120
villages environ.
La vie économique bunun est fondée sur l'agri-
culture et plus particulièrement la culture de
diverses espèces de millet qui font l'objet de
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